par David Morgan et Bo Erickson
Le vaste projet de loi sur les baisses d'impôts et les coupes budgétaires défendu par Donald Trump, qui divise fortement le Parti républicain, a franchi jeudi matin une étape importante à la Chambre des représentants, où il pourrait être adopté dans la journée avant d'être transmis au Sénat.
Le texte entend prolonger les crédits d'impôts instaurés par Donald Trump lors de son premier mandat présidentiel, de défiscaliser les pourboires et les heures supplémentaires, promesses de campagne du milliardaire, au prix d'un gonflement de la dette de 3.800 milliards de dollars (3.360 milliards d'euros environ) sur les dix prochaines années, selon le Bureau du budget du Congrès (Congressional Budget Office). Il prévoit aussi une hausse des dépenses militaires et du budget consacré à la lutte contre l'immigration.
En contrepartie, il propose notamment l'annulation de programmes de soutien aux énergies renouvelables et des coupes dans les dépenses sociales, en particulier dans le programme Medicaid d'assurance sociale destinée aux foyers à bas revenus.
Des efforts jugés notoirement insuffisants par les "faucons" républicains, partisans de coupes plus drastiques alors que la dette américaine s'élève à 36.200 milliards de dollars, tandis que les démocrates dénoncent des baisses d'impôts au profit des plus riches payés par les Américains les plus pauvres.
Les élus de la Chambre des représentants ont voté avant l'aube, par 217 voix contre 212, reflétant le rapport de force entre les deux partis, pour entamer l'examen du projet de loi en séance plénière. Le résultat a été accueilli tant par des applaudissements que par des huées. Un seul élu républicain, Thomas Massie, a voté contre, comparant le texte à "du charbon versé dans la chaudière" du Titanic.
Un nouveau vote sur l'approbation du texte sera organisé dans la journée et le président de la Chambre, Mike Johnson, s'est montré confiant dans son adoption.
"Je suis convaincu qu'on va boucler l'affaire", a commenté le speaker républicain, après une réunion organisée à la Maison blanche entre Donald Trump et les élus réfractaires.
"ARNAQUE FISCALE"
Mike Johnson, qui s'est fixé pour objectif de faire adopter le texte avant les congés parlementaires du Memorial Day (26 mai) est parvenu à surmonter les divisions au sein de son parti en introduisant des amendements sur plusieurs points, durcissant notamment les conditions d'attribution de Medicaid.
Les démocrates ont quant à eux promis de continuer à "se battre comme des diables" contre cette "arnaque fiscale", selon les termes employés par le représentant Jim McGovern.
En cas de vote concluant, le projet de loi sera transmis au Sénat, où les débats devraient s'étaler sur plusieurs semaines.
Une autre étape cruciale attend les parlementaires au début de l'été, lorsque le département du Trésor sera à court d'argent pour remplir ses obligations, celle du relèvement du plafond de la dette fédérale, alors que Moody's vient de retirer son triple A sur la note de crédit des Etats-Unis, rejoignant les deux autres grandes agences de notation.
Les élus républicains rejettent les analyses indépendantes sur le calcul de l'endettement et accusent l'agence de notation d'avoir sciemment dégradé vendredi la note souveraine américaine afin de peser sur les débats au Congrès.
Ils avancent pour argument, comme ils l'avaient fait lors des baisses d'impôts de 2017, que le projet de loi stimulera l'activité et se financera de lui-même grâce à la hausse des recettes.
Le CBO estime que même en tenant compte des effets positifs sur la croissance, le "très beau" projet de loi vanté par Donald Trump aggravera le déficit fédéral de 1.900 milliards de dollars au cours de la prochaine décennie.
(Jean-Stéphane Brosse pour la version française, édité par Kate Entringer)
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